Pourquoi les Sims c’était mieux avant

Avertissement : article coup de gueule assez décousu livrant mon avis et mon ressenti sur la série et sa direction.

La série Les Sims a beaucoup perdu en passant du deux au trois puis au quatre. Par exemple, la création de quartier qui a été rendue impossible aux non-moddeurs, changer de famille faisait perdre les récompenses, souhaits verrouillés et inventaires dans le 3. Mais c’est surtout au niveau des consoles qu’on voit qu’il n’y a plus le droit de sortir des clous. Dans la version DS du 2 on se retrouve dans un désert (Zarbville, quartier présent dans la version PC, on y retrouve quelques personnage de cette version sur la version DS d’ailleurs, mais le tout est très différent tout de même), le système de « discussion » est totalement différent des autres versions que j’ai pu tester à ce jour (je liste plus bas), même le cœur du jeu n’est plus le même : on ne contrôle pas une famille qu’on fait vivre, mais on gère un hôtel, le tout avec le même genre d’humour qu’on peut retrouver dans l’opus sur PC. Tandis que dans la version NDS du troisième volet, on contrôle juste une famille, rien de vraiment différent de la version PC si ce n’est tout un tas de choses retirée du fait des limitations technique de la console. Même les contrôles sont sensiblement les mêmes, à la différence qu’on utilise un stylet et pas une souris. De même, à l’époque de la version 2 de la saga, chaque jeu sur chaque console était très différent. Par exemple sur PS2 on contrôlait læ sim directement et il y avait une sorte de mode histoire. Sur les version « Naufragés » c’était la même chose, chaque version était totalement unique (en dehors de la version PC qui était, hormis son mode histoire, une simple copie des Sims 2 mais transposé dans un autre environnement). La seule exception notable étant Les Sims Medieval qui apportait un système de jeu et une histoire sortant de la logique des autres jeux, comme l’avait fait les opus console du deuxième opus.

Concernant les versions PC, on a donc, comme je l’ai déjà dit, perdu beaucoup de potentiel concernant les quartiers (plus de build-a-city challenge possible sans une très grosse part de modding, et pas de quartiers personnalisés sans ça non plus). On a aussi perdu une partie de l’humour de la série, très absurde dans l’esprit selon moi. De même, les magasins ne furent pas réintroduits (bien que remplacé par les hôtels), ainsi que les créatures surnaturelles qui ne furent ajoutées que très tard dans les extensions. En parallèle des ajouts ont été fait et furent les bienvenus ; le système de traits pour la personnalité des sims, supérieur de loin au système utilisé précédemment, également le Create-a-Style qui permettait de faire l’équivalent d’un remesh directement dans le jeu et pour la quasi-totalité des objets. Le jeu souffrait en revanche d’un manque flagrant de travail sur l’optimisation et sur les bugs, notamment sur la nouveauté phare de la série : le monde ouvert et le mode histoire, qui finissaient tout deux par causer des bugs allant jusqu’à la corruption de partie sur seulement quelques générations de sims.

Je reconnais que de nouveaux types de gameplay ont également été ajouté dans cet opus au fur et à mesure des extensions, comme le système de tombeau dans Destination Aventure, mais généralement cela s’inscrivait mal avec le reste du jeu. Par exemple en ce qui concerne cette extension les vacances familiales étaient une chose au mieux très dure à gérer au pire juste impossible ; faire les donjons étant obligatoire pour avoir un visa élevé, cela combiné au monde ouvert qui obligeait læ joueur·se à gérer plusieurs sims dans des endroits totalement opposés tout en prenant soin de résoudre des énigmes en même temps.

Enfin vient le quatrième opus. Il est encore tôt pour le juger me diront certain·es, étant donné que d’autre DLC sont attendus, mais justement, le problème vient de là. Nous sommes habitué·es depuis le 2 à devoir racheter toutes les extensions du jeu précédent pour le nouveau (Les Sims Comme chiens et chats qui devient Les Sims 2 Animaux et compagnie puis Les Sims 3 Animaux et compagnie, de même avec le reste des extensions), mais maintenant il y a une grosse différence de paradigme avec les opus précédemment : le mode de distribution et d’achat. Désormais la plupart des jeux s’achètent directement en ligne, les DLC sont monnaie courante, les Sims 3 est sorti peu avant ce changement et était encore coincé entre deux monde, de véritable extensions sortait alors (ce qui n’empêchait pas la vente de DLC, mais ça n’était pas là que le plus gros du contenu était présent). Si on fait le compte, les Sims 4 — en comptant les extensions, les pack de jeu et les kits d’objets — a 31 contenus additionnels payants à ce jour (je rappelle que d’autres sont prévus), tandis que les Sims 3 n’en a eu 20 et les Sims 2 seulement 17. Le tout pour un contenu plus pauvre comparativement (des ajouts ont été fait mais beaucoup de choses manquent). Sans compter le fait qu’EA vende des DLC de DLC (un pack ajoutant des animaux, requérant un autre pack sur les animaux par exemple).

En plus des éléments manquants comme les créatures surnaturelles (certes il y a les vampires, les extraterrestres, les végésims et les squelettes bientôt, mais quid des loup-garous, des morts-vivants, du yéti, des fées, des sorcier·es, des génies, des momies, etc. ?), le nombre d’aspirations et de traits disponibles (dont seulement 3 caractérise un sim adulte, un nombre ridiculement petit) et qui rend au final tous les sims très similaires là où le système d’émotion (plus qu’inutile, la colère ou la tristesse ne pouvant plus être ressentie dès lors que votre sim a une maison un peu décorée par exemple) voulait les rendre encore plus uniques. De même les quartiers sont encore plus restreint que dans le volet précédent, impossible d’avoir un monde différent de celui qui nous est proposé de base sans avoir recourt aux mods. Le tout sans parler du système de collection, qui était déjà pénible dans les Sims 3, mais qui pouvait être allégé à l’aide d’une récompense qui affichait les collectibles sur la carte, récompense absente du 4, obligeant læ joueur·se à jouer à Trouvez Charlie plutôt qu’aux Sims.

Maintenant que les rumeurs d’un cinquième volet font surface je doute de plus en plus sérieusement de la qualité de cette future version au vu de l’évolution de la série. Il y a eu certes des ajouts plus que bienvenu, mais la machine à sous sans limite qu’est EA ne risque pas de changer de trajectoire tant que son système économique fonctionnera. Pour ma part, je rêve toujours d’un équivalent, si non libre, au moins plus respectueux de ses joueuses et de ses joueurs et où la créativité des personnes travaillant dessus pourrait être pleinement exprimée à nouveau.

Note : je me dois tout de même de reconnaître au quatrième opus un ajout très positif : la « personnalisation du genre », permettant de faire des personnes transgenres. Même si cela reste dans une optique de marketing, c’est une évolution positive (malheureusement noyée dans le reste).

Liste des jeux testés à ce jour :

  • Sims 2 PC (avec toutes les extensions)
  • Sims 2 PS2
  • Sims 2 NDS
  • Sims Castaway PS2
  • Sims Castaway NDS
  • Les Sims : Histoire de naufragés PC
  • Sims 2 Pets NDS
  • Sims 3 (avec toutes les extensions)
  • Sims 3 NDS
  • Les Sims Médiéval PC
  • Sims 4 (avec une grosse partie des DLC sorti à ce jour)
  • Urbz : Sims in the City NDS
  • Urbz : Sims in the City PS2

Le 11 Brumaire 228.

Réglisse

Trigger warning : Mort.


Voilà, elle je vous l’ai déjà présentée, c’est Réglisse. Et aujourd’hui elle est morte, elle avait un cancer, depuis une semaine elle n’y voyait plus et ce matin elle n’arrivait plus à respirer, mes parents l’ont emmenée au vétérinaire et il l’a abattue.

Sur les photo on la voit bébé, elle tenait dans ma main presque à l’époque, pleine d’énergie, joueuse, câline.

Ensuite on la voit deux ans plus tard, en 2014 quand j’étais sur Perpignan avec mes parents encore, beaucoup moins joueuse, peureuse mais très affectueuse et câline.

Et enfin la dernière photo date d’il y a deux semaine, elle y voyait à ce moment là et allait relativement bien, même si elle mangeait peu, elle était encore très affectueuse et câline.

Elle est née en élevage, un petit élevage. Ses parents était lofés tous les deux, mais elle ne pouvait pas l’être parce qu’elle avait les yeux vairons et que ça n’est pas admis dans la race des Bouviers Bernois. Donc ils allaient la tuer parce qu’elle n’aurait pas rapporté suffisamment d’argent. Ma sœur l’a achetée à moitié prix et l’a sauvée. Voilà ce que c’est les petits élevages btw, ça n’échappe en rien à la course au profit et à l’absence d’empathie.

Mes parents l’aimaient je crois, mais pour eux les chiens c’est important mais c’est aussi des meubles. Elle passait une grosse partie de son temps sur son panier, surtout lorsqu’il y avait du monde à la maison. Pas par choix, mais parce que mes parents ne voulaient pas qu’elle dérange. Et ça a été pire lorsqu’ils ont déménagés dans le Gers, là elle passait le plus clair de son temps dans le garage, seule. Affectueuse comme elle l’était je me demande si ça n’est pas une des causes de sa maladie et de sa mort.

Elle avait 7 ans. C’est pas très vieux à mon sens, mais pour une pure race c’est pas étonnant. Les races sont des produits de consanguinité et elles accumulent les tares potentielles jusqu’à arriver à des troubles médicaux communs suivant la race de l’animal, comme des problèmes de dos chez le Berger Allemand, le cancer chez le Bouvier Bernois, etc.

Chose marrante elle avait sa langue toujours sortie du coté droit, à tel point qu’ont aurait cru qu’elle avait un pli. Elle avait le poil doux et soyeux et le matin elle aimait beaucoup se rouler dans la rosée une fois sortie.

Seulement voilà, maintenant c’est fini. Elle est morte. Elle n’a pas réagit apparemment lorsque le vétérinaire lui à placé le cathéter pour l’euthanasie parce qu’elle n’avait plus assez d’oxygène pour être réellement consciente. On aurait peut-être pu tenter les chimio-thérapie avant tout ça, lorsqu’ils ont été au courant de ce qu’elle avait. Mais j’imagine qu’ils n’avaient pas assez d’argent, et puis comme je le disais plus tôt, elle était considérée un peu comme un meuble, on ne dépense pas d’argent en opération médicale pour un meuble.

C’est la troisième que les vétérinaires m’enlève. Je les hais de plus en plus. Mes parents aussi. Et honnêtement, je suis triste. Vraiment. Et en colère un peu. Ou plutôt haineuse. Contre les humains et ce qu’ils font des animaux, tant humains que non-humains.


Le 14 Vendémiaire 228.

Là où les loups sont partis

Le soleil se levait lentement, commençant à baigner le temple dans sa lumière, tandis que des soldats lourdement armés l’encerclaient. Ils étaient bien plus nombreux que nécessaire mais l’Inquisition voulait être sûre de ne laisser aucune chance aux dissidents.

À l’intérieur, ces derniers se préparaient tant bien que mal au combat qui les attendait. Peu avaient déjà combattu dans leur vie, mais toutes et tous étaient prêt·e à sauter le pas aux coté de leur guide, Resla, l’une des seules louves de la meute à avoir un passé de combattante. Elle regardait autour d’elle tandis que le bélier se mettait à frapper la porte, elle était fière de sa meute, des loups pour l’essentiel, toutes unies face à la mort.

Les échos des assauts du bélier se répercutait dans tout l’édifice, du clocher à la crypte. Celle-ci abritait autre fois un saint de l’Église désormais oublié, elle ne contenait plus désormais que un autel de basalte servant aux cérémonies blasphématoire de ce que l’autorité papale considérait comme une secte.

Resla était en première ligne, non loin de son compagnon d’arme Ulric, le seul auroch du groupe et un des dernier de son espèce. Cette armée improvisée n’avait que des morceaux d’armure dépareillés et des armes récupérées ou volées. Les archers finissaient de se mettre en place lorsque la porte vola en éclats.

Une pluie de carreau s’abattit sur les loups, éclaircissant déjà leurs rangs, suivi de la charge des soldats de l’Inquisition. Les archers de Resla parvinrent à en toucher quelques uns avant que les deux groupes ne s’entrechoque et que le chaos ne règne sur le champ de bataille.

La guerrière trouva rapidement un adversaire, un cerf qui tentait de l’embrocher avec son espadon. D’un coup d’épée, elle dévia sa lame, celle-ci glissa le long se l’arme de son ennemi pour finalement venir se planter dans son ventre. Le soldat lâcha son épée et tenta de maintenir ses intestins en place tandis qu’il s’effondrait au sol.

Ulric dansais avec un loup de l’Inquisition, lui maniant la hache et son opposant l’épée courte. Ce dernier n’eût cependant pas l’occasion de danser longtemps, un moment d’hésitation permettant à l’auroch de lui ouvrir le crâne en deux d’un seul coup. Il s’écroula dans un gargouillis confus, le corps secoué de spasmes.

Resla était aux prises avec deux adversaires, elle semblait flotter tandis qu’elle s’approchait de l’un d’eux. Sa lame glissa sur son cou et le lui trancha, déclenchant un geyser sanglant. Il s’écroula, les deux mains sur la gorge en essayant vainement de réduire le flot qui jaillissait de sa blessure béante. La louve faisait désormais face à son deuxième ennemi. Elle était à l’affût, prête à sauter sur la moindre ouverture dans la garde de son adversaire, lorsqu’un renard sauta hors de la mêlée pour planter sa lame en travers de la gorge de la guerrière. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise et du sang commença à couler de sa gueule. Lorsque le renard retira son épée, elle lâcha son arme et tomba à genoux. Un flot de sang jaillissant de son cou tandis qu’elle s’effondrait la tête la première contre la pierre froide.

Ulric rentra alors dans une rage destructrice et poussa un hurlement en chargeant le meurtrier de son amie, tranchant en deux ceux qui tentaient de se mettre en travers de sa route. Une fois à sa hauteur, il donna plusieurs coup de hache vers sa cible qui les esquiva avant de riposter d’un coup entre les côtes. La lame s’enfonça loin dans la chair, perforant les poumons et lacérant les viscères de l’auroch. Celui-ci trancha alors le bras de son assaillant, l’épée encore enfoncée dans le torse, avant de s’effondrer. Sa vision commença à se brouiller tandis qu’il voyait le goupil hurler de douleur à genoux, son bras ne tenant plus que par des lambeaux de chair. Il étouffait. Son sang envahissait ses poumons. Il se noyait. Sa vision s’assombrissait. Il se débattait pour avoir une bouffée d’air. Il perdit connaissance.

Personne parmi les hérétiques ne survécu à cette bataille. Les pertes de l’inquisition étaient ridicules comparée à l’annihilation de cette secte impie.

Le temple fut rapidement oublié de toutes, à l’exception de quelques rares adeptes ayant redécouvert la gloire de Lucifer et lui rendant hommage, à lui ainsi qu’aux louves du crépuscule ayant péri à l’aurore des générations auparavant.


Le 6 Vendémiaire 228.

Les pronoms et RMS

Cet article est une réponse à ce post (archive) de Stallman. Des réponses lui ont déjà été apportées sans doute, mais c’était important pour moi de m’exprimer là-dessus. Je vous conseille de lire l’article en question avant ou pendant la lecture de celui-ci, où je ne répondrais qu’à des citations. Ce qui se trouve entre [crochet] est une note personnelle ou une clarification.

nowadays some people state that they don’t want to be considered either of those [male or female]

Ok, ça part mal déjà, on sent presque une remise en question de la validité des personnes non-binaire ou agenræ. Peut-être pas, mais c’est quelque chose de tellement présent chez beaucoup d’homme cis qu’on repère vite ce genre de propos comme étant des signes précurseurs de quelque chose de plus merdique.

There is pressure to refer to a single person as « they », but that is confusing in practice as well as jarring.

Je vais pas je vais pas réexpliquer tout ce qu’il y a autour du fait que depuis le 14ème siècle « they » est utilisé en tant que singulier. Mais bon, même des auteurs et autrices encensæs comme Shakespeare l’utilisaient dans ce sens, pour ne citer que le plus connu d’entre elleux.

Always say « she ». This rejects the traditional sexism by reversing it.

Ah oui, le « sexisme inversé ». La peur partagée par nombre de nos congénères masculin, totalement infondée au passage.

The book Ancillary Justice did this, and was acclaimed, but this practice is just as inaccurate as always saying « he ».

Je ne le connaissais pas avant cet article. Et oui le livre à été nominé à 10 récompenses littéraires différentes et en a remporté 7, mais rien à voir avec l’utilisation de « she » à la place de « he », en dehors du James Tiptree Jr. Award qui récompense les œuvres de SF ou de fantasy qui explore le genre ou nous permette de mieux le comprendre (récompense que le livre n’a pas gagné). Une recherche assez rapide ne m’a donné que quelques rares articles sur le sujet des pronoms utilisé d’ailleurs, ce n’est pas à grâce ou à cause de ça que le livre à été apprécié et récompensé.

Always say « he or she ». […] it does not provide for nonbinary genders.

Totalement d’accord sur ce point.

Always say « they ». This violates the grammar of English so deeply that it feels terribly wrong.

Encore une fois, le terme est utilisé à l’écrit depuis au moins 1375, et est probablement utilisé à l’oral depuis bien plus longtemps que cela. L’évolution à été la même que pour « you » qui était à la base uniquement un pronom pluriel, « thee », « thou » ou « thy » étant les singulier de la deuxième personne, et pourtant il ne me semble pas que RMS s’offusque de cette usage « violant la grammaire anglaise si profondément que cela est ressentit comme terriblement mauvais ». [Note : cela lui a déjà été remonté, cependant sa position étant ce qu’elle est, ma déclaration précédente reste inchangée.]

Vient ensuite une liste de phrases jugées confuses par l’auteur de l’article.

« When my child was removed and placed with Dad, they internalised it and took it like they did something wrong. » (Both the child and Dad internalized it?)

Il y a l’impression d’avoir fait quelque chose de mal, c’est donc l’enfant qui l’a internalisé, pas le père. Pas vraiment de difficulté du moment qu’on comprends la phrase que l’on est en train de lire.

« Keep building the safe space. Keep eye contact with them and don’t acknowledge the attacker’s presence: the absence of response from you two will push them to leave the area shortly. » (Which of these people does « them » include?)

Le premier « them » peut effectivement porter à confusion si on sait pas de quoi il est question, bien que lorsqu’on lit une phrase dans un texte, on sait de quoi parle le texte en question. Le deuxième cependant est clairement dirigé envers les aggresseur·ses. Qui dirait qu’il faut faire partir les victimes et les agresseurs, sérieusement ?

« My partner places his or her smartphone where they can see it when we are together. » (Some chaperons can see it?)

WTF ? C’est pas assez évident que c’est le partenaire de la personne qui parle qui peut le voir ? Y a une très, très grosse mauvaise foi ici, et ça ne va pas aller en s’arrangeant.

« Spotting the attackers emerging from the car with knives, machetes and axes, the officer raised their rifle and shot four of them dead. »
(The officer raised the attackers’ rifle?)

Encore de la mauvaise foi, ça commence à faire beaucoup je trouve. Le « their » vient juste après « the officer », donc ce réfère à l’arme de ce·tte dernier·e de toute évidence. Étrange que le « them » final ne dérange pas, on pourrait se dire que ce sont les fusils qui ont été abattus, non ? C’est le même niveau de mauvaise foi.

You can figure out what these sentences are intended to mean, with a little thought. So can I. That doesn’t alter the fact that the pronoun confusion puts a gratuitous obstacle in the path of comprehension.

Dans le cas où on ne refléchit pas à propos de ce qu’on lit, oui. Mais lorsqu’on lit un article on est sensæ réfléchir un minimum, et dans le cas d’une simple conversation le contexte est généralement largement suffisant pour qu’il n’y ai aucune ambiguïté (et dans le cas où il y en aurait effectivement une, poser tout simplement la question « à qui se réfère ce pronom » est simple et efficace).

Sometimes it is very hard to figure out who « they » refers to. For instance, in this passage, « Even if they are totally unsuitable, your child has to work that out. If you intervene, you’ll end up possibly pushing them even closer together, or even out of your house.’” « 
(Does « they » refer to one person or two?) [l’article cité parle des comment les parents devraient faire en sorte d’éloigner leurs enfants de leur petit·e-ami·e dans le cas d’une relation toxique]

Encore ? En lisant uniquement le paragraphe en question il est évident que « they » se réfère à l’enfant, puisqu’en toute logique læ parent s’en tamponne les oreilles avec une babouche que læ petit·e ami·e de son enfant parte de leur maison, c’est leur enfant qui les inquiètent.

Occasionally the ambiguity leads to unintended humor: « Surely a woman shouldn’t be forced to wax testicles if that makes them feel uncomfortable? »

La personne est ici présentée comme étant une femme, le pronom « they » ne s’applique donc sans doute pas. À la lecture de l’article j’ai plutôt l’impression que le them se réfère aux femmes (pluriel) plutôt qu’à autre chose.

It is fun to see this in someone else’s writing, but you wouldn’t want this to happen in your writing.

Pour éviter ça, il suffit de réfléchir avant de poster ce que l’on écrit, et c’est plutôt une bonne chose de réfléchir à ce qu’on est en train d’écrire en fait. Ça évite, la plupart du temps, de poster des conneries.

Use an artificial new pronoun such as « ey » or « zhe ». This solution works, and avoids the confusion of using « they », but people reject those pronouns because they do not fit naturally into English.

Ce fut le cas de beaucoup de mot, qu’ils soient inventé ou simplement récupéré d’autres langues, et ce dans beaucoup de langues pour ne pas dire toutes. Au final l’usage prévôt sur le reste. Comme je l’ai écrit plus haut, le « you » anglais était pluriel uniquement à la base, mais est maintenant utilisé comme pluriel et singulier, même si des gens se sont opposés à cet usage. Le conservatisme linguistique n’a jamais le dernier mot, c’est toujours l’usage, et si beaucoup de personne utilise « zhe » alors ce mot deviendra un pronom valide en anglais, peu importe ce que les réactionnaire et les puristes en diront.

The proponents of « they » argue that it is the correct choice because people have long used it occasionally in the singular. While it is true that people did so, that shows only that they faced a similar choice between bad options.

Vu qu’il faut des arguments d’autorité, en voici un de poids : le New Oxford Dictionnary of English reconnaît l’usage de « they » comme valide depuis son édition de 1998 et l’utilise même dans ses définitions.

Use the elegant gender-neutral pronouns « person », « per » and « pers ». They fit into English smoothly. They are easy to remember, since they come from « person », and the last two resemble « her » and « hers ». They are natural to use, since they work just like « she », « her » and « hers ». « Pers » ends in a voiced consonant, just like « hers ».

This solution is superior, since it does the job while avoiding all the drawbacks of the other solutions.

C’est pourtant un mot qui n’était pas utilisé auparavant comme un pronom et qui ne sera sans doute pas utilisé aussi largement que they. Il est de la même catégorie que « ey » et « zhe » critiqués plutôt à la différence que celui-ci est totalement nouveau et donc inconnu au regard des autres solutions présentées dans l’article. Le seul argument ici qui le différencie des autre pronoms créés comme « zhe » est la beauté du mot, chose subjective au possible et totalement dénuée de sens, des tas de mots utilisés et acceptés par tout le monde sont considérés par beaucoup comme laids (par exemple en français nous avons « diarrhée » qui est généralement vu comme laid, mais pourtant utilisé) la liste est longue, subjective et inutile.

In using them, I’ve found that I wished that « person » were quicker to say, so I have coined the shorter alternative « perse », made from « person » by omitting the last syllable. It sounds like « purse », and represents the pronoun « person » but not the noun « person ». « Perse » and « person » as pronouns are equivalent and interchangeable.

Encore une fois, c’est une nouvelle création qu’il va falloir expliquer aux gens et qui rend le tout encore plus confus. C’est sans intérêt et dessert la cause, qui est d’avoir des pronoms simples et neutres, en rajouter ne fait que diviser les efforts que nous pouvons déployer et ceux que les personnes non-concernées sont prêtes à investir dans l’apprentissage et l’usage des pronom neutres.

« Perse » and « purse » are not confused in speech because the singular noun « purse » requires a preceding determiner while a pronoun cannot have one. For example, « The purse is here » refers to an object, whereas « Perse is here » refers to a person.

Cela rends le tout bien plus étrange que l’utilisation de « they are here » ou même « zhe are here », n’étant pour ainsi dire jamais utilisés ou presque en dehors des textes de RMS. Point de vue personnel, mais comme c’est le maître mot depuis le début de cet article, je me le permet.

There are those who claim that we have an obligation to refer to someone using whatever pronouns person might choose. I disagree with that position, on grounds of principle and grounds of practice. I think we should respect other people’s gender identification, but which pronouns we use for any particular gender identification is a separate matter — a matter of grammar.

Non, c’est une question de respect. Nous apprenons bien les prénom individuels des gens, personne ne trouve ça choquant.

We do not owe it to anyone to change our grammar according to per wishes.

Si la grammaire leur permettait d’exprimer leur identité de genre correctement sans que des personnes non-concernées ne viennent leur dire que l’usage de leur langue est incorrect, oui. Hors, même dans le cas d’un usage reconnu depuis plus de six siècles, ces mêmes personnes non-concernées continuent de venir leur expliquer que ce qu’elles font d’un mot est incorrect. De plus, et encore une fois, c’est l’usage uniquement que prévôt, la seule façon qu’à une langue d’avoir des règles fixes est de ne plus être parlée.

« Person » etc. are just as gender-neutral as « they » etc., but since they are singular they fit a singular antecedent. Gender neutrality need not imply a sacrifice in English grammatical clarity; it is still possible to have both.

Aucun sacrifice à faire, l’usage est déjà admis. La bataille menée ici contre l’usage de they est déjà perdue depuis au moins un siècle, tout le monde utilise they dans des phrases au singulier. Par exemple dans « everyone loves their pets », si certain·es persistent à considérer que la phrase est incorrecte, everyone étant un pronom singulier, dans les faits tout le monde utilise they de cette façon. Que cela soit dans cette phrase en particulier ou dans une autre.

If someone says, « Please use ‘ella’, ‘la’, ‘le’ and ‘su’ for me, » I will follow that request in Spanish (treating per as female). However, I will refuse to use them in English, because those pronouns are not English.

Le refus pur et simple d’utiliser le pronom choisi par une personne sur la base d’une préférence personnelle est équivalent, dans une certaine mesure, au refus d’utiliser son prénom choisi ou de reconnaître son genre. Et cela porte un nom : la transphobie.

Likewise if someone asks me to refer to per with the pronouns […] « hy », « hap », « happy » and « hyne ».

Je met ici Stallman au défi personellement de trouver plus d’une personne qui ai déjà demandé sérieusement à qui que ce soit d’utiliser des pronoms pareils. Dans le cas où il en serait incapable, la réponse « c’était pour illustrer » ou similaire ne sera pas admise et il rentrera intégralement dans la catégorie transphobe, avec les personnes qui « plaisantent » en disant se définir comme des « hélicoptères d’attaque ».

I respect a person’s choice of gender identification by using the pronouns and words that go with it.

Non, il respecte seulement ce qui lui convient et va dans son sens.

I would not presume to dictate to other people what pronouns they should use in their speech

De fait, si, RMS a une influence énorme sur beaucoup de personne, que ce soit voulu ou pas. Le fait de dire que les autres solutions sont mauvaises alors que la sienne est la meilleure est une façon de dire à toutes les personnes qui le suivent de ne pas utiliser les pronoms choisi des personnes trans mais plutôt ceux que lui préfère. En tant que non concerné, il n’aurait même pas son mot à dire sur le sujet, alors affirmer qu’il ne cherche pas à dire comment les autres doivent parler, c’est trop gros pour que ça puisse passer.

but we can all state our preferences and the reasons behind them.

Pas lorsqu’il s’agit de l’identité d’une personne (que ses pronoms choisi reflètent). Les personnes refusant d’utiliser les prénoms choisit des personnes trans utilisent le même argument, en disant que c’est une préférence personnelle. Ça n’est pas le cas, c’est une question de respect et d’empathie, rien d’autre.

As for « they », if you are plural by nature — for instance, if you are a colonial organism or a group mind, or if you wish to be known for having multiple personalities — I will use that plural pronoun to refer to you.

Premièrement, ce genre de blague ne passe pas ici. Deuxièmement, le fait de ranger les personnes ayant des troubles dissociatifs (j’imagine que c’est à ça que fait référence « having multiple personalities ») à coté d’une blague sur les consciences collectives est, au mieux, très maladroit, au pire, psychophobe. Cela les range dans la catégorie des « blagues vivantes » comme certain·es peuvent le faire avec les personne trans, les personnes racisée, etc. de plus, les consciences collectives n’existant pas, les mettre côte à côte semble vouloir réfuter leur existence réelle ou celle de leur trouble.

[Ce qui suit fait parti des notes à posteriori de l’article de Stallman.]

I am not campaigning to reintroduce « thou » into English, because that is more radical than I want to be. Opposing a bad change is less radical than reversing one.

Sauf que le changement, comme dit plusieurs fois, a déjà eu lieu, il y a six siècles.

Someone lectured me for believing that grammar books define correct grammar, without troubling first to inquire whether that’s what I believed.

C’est ce qui ressort de l’article en tout cas.

You might succeed in convincing me to change the English grammar rules in my mind, but don’t you dare demand it.

C’est pourtant ce qui est demandé tout au long de l’article.

That principle applies to me as it does to you. I do not demand others adopt these gender-neutral singular pronouns; I only suggest that this change is better than the usual proposed change.

La suggestion et la demande sont très similaires, d’autant plus lorsqu’on a autant de portée que RMS.

Dans le cas où vous souhaiteriez en apprendre plus sur l’utilisation du pronom they singulier en anglais, lisez cet article (archive) de l’Oxford English Dictionnary.


Le 3 Sansculotide 227.

Chien Errant : En suspens

Trigger Warning : Suicide


Il était assis là, sur le rebord de la baignoire, me surplombant, un cigare à la main et son cran d’arrêt posé à coté de lui. Il portait un vieux treillis et un t-shirt au nom d’un obscur groupe de musique. Ils avaient connu des jours meilleurs. Lorsqu’il portait le cigare à sa bouche, je ne pouvais me détourner de son œil droit. On aurait pu penser qu’une panthère avait tenté de le lui arracher. C’était peut-être vrai, je ne voulais pas savoir. Il était totalement blanc et je me demandais s’il y voyait quelque chose. Ses cheveux étaient noirs, coiffés en iroquoise et pris en tenaille entre ses deux longues cornes. Ou plutôt sa longue corne, celle de droite étant cassée. Tout en restant assis, il posa une de ses bottes sur le bord de la baignoire et se servi de son genou comme d’un accoudoir. Il souffla sa fumée pensivement.

« Dans un monde parfait, il n’y aurait plus tout ces politiciens corrompus, toutes ces corporations inhumaines, cette pauvreté omniprésente, ces guerres incessantes… Tous et toutes vivraient en harmonie, seraient unies. Plus de crime, ni de prison. »

Il se tourna vers moi.

« — Mais on sait tout deux que ce monde est impossible, Re-

— Astrid coupais-je.

— C’est ça, Astrid si tu veux. Toujours est-il que ce monde, notre monde, est pourri jusqu’à la moelle. Et tant que tu ne me laissera pas faire… »

Il me fixait intensément, il me semblait sentir le poids de l’univers sur ma cage thoracique à présent. Je tentais d’articuler une réponse :

« — Je ne pense pas…

— C’est ça, dit-il en m’interrompant, tu ne pense pas. Remarque c’est pas comme si t’agissais beaucoup non plus il me semble, si ? Putain mais t’as des convictions ou pas tafiole ! » rugit-il en se levant d’un bond.

Un silence de plomb suivi. Son expression changeât et il détourna le regard.

« Écoute, je… Je suis désolé… Fais ce que tu veux. J’en ai marre d’aller systématiquement contre tes idées. Marre de me battre contre toi. »

Il écrasât son cigare à coté de son couteau et se retourna.

« Alors, vas-y, dit-il en me tournant le dos. Libère-nous. »

Il sorti alors sans me laisser le temps de répondre, me laissant seul·e dans ma baignoire. Comme le Christ dans son Graal.


Le 27 Thermidor 227.

Scithal

Dans mon intériorité, il s’est retiré.

Après toutes ces années, il s’est éclipsé.

Cherche-t-il sa survie, cherche-t-il son oubli ?

Comment continuer, comment faire sans lui ?

Sa simple existence, n’apporte que souffrance.

Il m’a brisæ, détruite, et laissæ en errance

Tant de fois, et pourtant, il s’est interposé,

S’est battu contre ce monde et m’a protégæ.

Mais de haine, cependant, il est constitué.

Et la nuit, je sens, près de moi, son aura.


Le 26 Thermidor 227.

Lys, Éclat de Lilith

Je manque souvent de mots pour l’exprimer,

Je pense rarement à te le montrer,

Mais dans ma vie, tout tourne autour un d’un éclat.

Mon univers ne se maintient que par toi.

Ton amour est la lumière qui m’éclaire,

Il me permet d’avancer dans les ténèbres.

Je t’offrirais mon sang si te le souhaitais,

Car ce feu en moi ne faiblira jamais.


Le 11 Prairial 227.

Ondes et Salut

Mon armure craque, se détache et se fracasse,

Contre le sol, elle explose et est anéantie.

Cette immense masse sombre apparaît et m’embrasse.

À nu, désemparæ, à présent je subis

Toute la violence et la douleur de cette vie.

Une lancinante mélancolie m’envahit.

Alors je commence moi-même à me fracturer.

J’approche doucement de ma peau ce bout d’acier,

Découpant la chair et courant le long de mon bras,

La lame a accomplit son but avec précision.

Aucune hésitation et aucun remord, voilà,

Le sang jaillit alors que se trouble ma vision.

J’expire tandis que se répands cette onde immonde.

Un long et sourd bourdonnement emplit mon esprit,

Et lentement autour de moi s’évanouit le monde.

Mon répugnant cadavre bientôt sera pourri.

Ma conscience toute entière sera consumée

Par le Néant, elle sera disloquée, dévorée.

Viendra alors mon Salut,

Dormir sans fin et sans but.


Le 8 Germinal 227.

Appelant les enfers

Surplombant le monde, y invoquant les Enfers,

Deux âmes errantes appelant Lucifer.

Rejetæ de tous, enfermæ sans lumière,

Grâce à toi prendra fin le Règne Délétère.

Car Elle est l’éclat sans lequel je suis aveugle,

Il est l’insurrection, la rancœur, ma force,

Elle est notre père aimant, notre tendre mère.

Dans la nuit, nous nous réfugions dans nos rêves,

Les flammes dévorent l’ensemble de nos doutes,

Durant l’Hiver, l’Étoile du matin s’élève,

Le sang révélant notre nature dolente.

Car Elle est l’éclat sans lequel je suis aveugle,

Il est l’insurrection, la rancœur, ma force,

Elle est la désobéissance qui nous lie,

Il est notre tendre mère, notre père aimant.

Et enfin, tous disparaîtrons dans le Néant.


Le 21 Nivôse 227.

Chien Errant : Une vielle baraque

Cela faisait un moment que j’errais sans trop de but, si ce n’est de m’éloigner des villes, en pleine campagne. Au fil de mon errance, je me rendais compte que si par le passé les gens avaient été plus ouverts et accueillants ici, ce n’était clairement plus le cas. L’espèce de retour à la campagne des dernières années avait fait s’installer ici des gens habitués à la ville : irritables et irritants, arrogants et prétentieux, voulant tout sans rien donner en retour… Clairement le genre de personnes que je ne voulais plus jamais rencontrer de ma vie, c’était sans doute également le cas de ceux qui étaient nés ici et qui voyaient désormais tout étranger d’un très mauvais œil. Ce phénomène de retour à la campagne s’était estompé avec le temps, et la plupart de celleux qui était parti·es de la ville pour aller à la campagne avaient désormais fait leurs valises pour retourner dans leur habitat naturel, la plupart laissant leur maison à l’abandon, faute de pouvoir en tirer un bénéfice. Les originaires de la régions étaient parti en masse aussi, entre les jeunes qui partent faire leur études dans les grandes métropoles et les vieux qui finissent par mourir, peu de maisons restaient habitées finalement. Si on rajoute à la vague de connard, l’isolement, la « désertion » des jeunes et les discours médiatiques à base de grand méchant monde, on comprend mieux l’état d’esprit des gens. Mais ça reste mieux que la ville pour moi, et malgré tout j’arrivais quand même à manger un jour sur deux et à dormir au sec de temps en temps.

Mais l’errance finit par peser sur l’esprit de n’importe qui, même Diogène avait un « toit » sur la tête la nuit. J’aurais bien investit une des maisons abandonnée par les citadins mais aucune ne se prêtait à un projet pareil. Certaines étaient murées de par leurs propriétaires − histoire d’être sûres et certains que personne ne pourrait profiter de ce dont il n’ont plus rien à faire − mais la plupart étaient simplement tombées en ruine, construites à l’image de notre époque, rapidement et pour une durée très limitée. Seules restaient les anciennes habitations, prévues pour résister aux âges et à la météo. C’est l’une d’entre elle que je découvris alors que je suivais un sentier tellement délabré que même un tout-terrain aurait eu du mal à le suivre. Le chemin était long de presque un kilomètre et demi et débouchait sur une ancienne ferme. Composée d’une habitation principale et de plusieurs dépendances, comme une grange, une étable et un grand hangar pour les machines agricoles. Une grande prairie entourait le corps de ferme, elle même encerclée par une forêt relativement dense, uniquement éclaircie par le sentier qui m’avait mené ici. On aurait dit un lieu hors du temps et de l’espace, un havre de recueillement. Le soleil commençait à se coucher à l’horizon, laissant le feuillage des quelques arbres disséminés autour de la maison dessiner des ombres fluctuantes sur les murs de cette dernière. Les herbes hautes dansaient lentement, suivant le gré du vent. Je commençais à m’avancer lentement vers la maison.

Une fois devant la porte, je frappais pour signaler mon arrivée à d’éventuelles habitantes, au premier coup, elle se décrocha de ses gonds et tomba avec fracas au sol. Mon arrivée était signalée. L’intérieur de la bâtisse semblait à l’abandon depuis des années. Les tapisseries étaient décollées et rongées par la moisissure pour certaines, des toiles d’araignées avait envahis le sol et les plafonds et une couche de poussière impressionnante recouvrait l’intégralité des meubles. Je tendais tout de même l’oreille, tentant de repérer un mouvement quelconque dans la maison qui m’indiquerait la présence de quelqu’un. Rien, pas un bruit. J’avançais alors prudemment dans la maison, plongée dans la pénombre, éclairée par quelques rayons du soleil couchant qui parvenait à percer par les volets fermés. Je fis un tour rapide, tout semblait anachronique ici, les meubles en bois massif, les pièces haute de trois mètres pour gagner en luminosité, la bibliothèque remplie de vieux livres du siècle dernier… Même les appareils électronique semblait venir d’un antiquaire, des disquettes, un minitel, un poste de radio à lampe et une télévision cathodique. Ce n’était peut-être pas qu’une impression, cet endroit était bel et bien hors du temps, et depuis longtemps semblait-il.

Continuant mon exploration sommaire, je tombai sur la porte menant à la cave, je l’ouvris, laissant mes yeux s’habituer aux ténèbres présentes ici. Je descendis lentement et découvris plusieurs pièces, une salle de chauffage se servant apparemment encore de feu de bois pour chauffer la chaudière et un atelier relativement bien équipé au vu de ce que j’avais trouvé dans le reste de la maison. Je rentrais dans la dernière pièce lorsqu’un bruit attira mon attention sur ma droite, je me tournais immédiatement mais n’eut pas le temps de réagir et fut assaillit par l’un·e des locataires de l’endroit, visiblement en rogne après moi. Je tentais de me débattre de toute mes forces, ne comprenant pas vraiment ce qu’il se passait. Au bout de quelques secondes qui me parurent durer une éternité, mon assaillante stoppa son attaque et partit en direction de l’escalier menant au reste de la maison. Je la pris en chasse et montais les marches quatre à quatre pour tenter de la rattraper. En arrivant à la porte d’entrée, je vis trois silhouettes s’éloigner dans le ciel. Des chauves-souris. Sauvages, sans doute.

Je me senti un peu stupide d’avoir eu peur pour si peu et décidais de rester ici pour le moment, au moins pour la nuit. Je fermais la porte et plaçais la commode posée juste à coté devant elle, par précaution. J’avais déjà repéré où j’allais dormir dans la maison et montais à l’étage, dans une petite pièce où reposait seulement un ordinateur et un bureau. Elle avait un verrou à la porte et la présence de matériel électronique, aussi désué fut-il avait toujours eu un effet bénéfique sur ma psyché, surtout quand celui-ci ne risquait pas de m’espionner comme le matériel contemporain. De toutes façons, aucune chance que je ne mette ne serait-ce qu’une seule patte dans un des lits, vu la quantité de parasites et autres champignons qui devaient y avoir élu domicile. Et avec le bruit ambiant, je ne risquais pas de dormir beaucoup cette nuit. Je ne sais pas si l’endroit était maudit, mais entre la maison qui craquait sans arrêt et les animaux sauvages aux alentours qui se réveillaient durant la nuit, la nuit n’était pas des plus silencieuses. Ni des plus reposante, dormir dorme dans une maison immense, abandonnée au milieu de nulle part et totalement inconnue n’aide pas à trouver le sommeil. Mais au bout de quelques heures je tombais finalement dans un sommeil profond.


Le 3 Frimaire 227.